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Accueil > Soins > Grandir > Anomalies génito-olfactives : endocrinologie

Ce texte est extrait du compte-rendu de la Troisième Journée Nationale sur le SYNDROME DE C.H.A.R.G.E. (POITIERS, 11 MAI 1999)

Anomalies génito-olfactives : endocrinologie

Intervention du Dr Véronique ABADIE, Pédiatre Hôpital Necker-enfants malades, Paris

samedi 11 mai 2013, par Pr Véronique ABADIE

Les données nouvelles concernant les anomalies génitales

L’observation chez les enfants CHARGE de petites tailles staturales, de petit volume des organes génitaux chez le garçon et la description de retard pubertaire et de déficits hormonaux par d’autres équipes ont motivé depuis plusieurs années la réalisation de bilans endocriniens complets chez les enfants CHARGE soignés à Necker-Enfants Malades. Le bilan de ces explorations endocriniennes a été récemment fait par le docteur Irène Netchine et le docteur Laurent Mesnage de l’unité d’Endocrinologie Pédiatrique. Je résume leurs résultats obtenus sur une série de 15 enfants.

Les courbes de taille montrent en moyenne une taille de naissance discrètement inférieure à la moyenne de la population générale (- 0.5 écart-type), une réduction de la vitesse de croissance au cours de la première année, aboutissant à une taille à -2 écart-type de 1 à 3 ans, puis à - 2.5 écart-type au-delà de 3 ans. Nous n’avons bien entendu pas assez de recul pour donner une évaluation de la taille finale. Par rapport à la taille, les poids sont normaux, tous les enfants de ce groupe ayant bénéficié d’une prise en charge nutritionnelle précoce, au besoin artificielle, par sonde nasogastrique ou gastrotomie. Ce retard de taille n’est lié à aucun des autres paramètres pathologiques présents chez les enfants. Tous les dosages d’hormone de croissance sont normaux (un est limite inférieur). Le retard de taille des enfants est donc intrinsèque au syndrome, fait partie de sa description indépendamment des autres paramètres et n’est pas dû à un déficit en GH (hormone de croissance). Cela dit, deux enfants de ce groupe ont néanmoins bénéficié d’un traitement par GH, qui ne peut être prescrit que par des médecins spécialistes. Il est trop tôt pour conclure sur l’effet de ce traitement.
Les organes génitaux sont, chez les filles, tous anatomiquement normaux. Chez les garçons, il n’y a pas de malformations des organes génitaux mais dans plus de la moitié des cas (7/10) une réduction de taille de la verge, des corps caverneux et une ascension des testicules.
Tous les dosages d’hormones thyroïdiennes, d’hormones surrénales, de prolactine sont normaux.
La moitié des garçons ont des dosages de testostérone abaissés. Il faut rappeler que ce dosage n’est interprétable chez le petit garçon qu’avant l’âge de 6 mois. Au-delà les taux de testostérone sont physiologiquement bas chez tous les garçons jusqu’à la puberté. La moitié des garçons et une fille sur les 5 testées ont des réponses insuffisantes de l’hormone LH-RH (LH-RH = hormone hypothalamique qui stimule la sécrétion d’hormone sexuelle hypophysaire). Les 4 enfants qui ont eu une IRM cérébrale bien orientée sur la région naso-frontale ont une réduction de taille des organes olfactifs, bulbes et / ou sillons olfactifs.

Au total, les seules anomalies endocriniennes consistantes retrouvées sont des déficits en gonadotrophine liés à un défaut de formation du tissu embryonnaire commun aux régions olfactives et de synthèse de l’hormone stimulante des organes sexuels. Voir le point sur les anomalies olfatives du même auteur

Ces résultats sont importants car ils excluent plusieurs déficits hormonaux, ils excluent des malformations proprement dites des organes génitaux et localisent le déficit potentiel en une région unique.

Ils expliquent la fréquence des hypoplasies (petit volume) des organes génitaux chez les garçons et prédisent des retards pubertaires susceptibles d’être compensés par des traitements adéquats.

P.-S.

Ce texte a été publié dans le numéro 3 du bulletin de l’association.

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